Et jusqu'à la dernière seconde, je ne me suis pas rétractée. Sur le dossier il y avait écrit "la prévenue n'exprime aucun remords" et moi j'étais là: "ouais, EXACTEMENT !" یلدا_آقافضلی#
Je vous parle aujourd'hui de Yalda Agha Fazli, jeune fille de 19 ans dont le visage et le prénom ont timidement atteint les rives des médias accidentaux quand, après avoir été arrêtée à Téhéran le 26 octobre dernier, elle avait entamé une grève de la faim.
Elle a finalement été libérée le 6 novembre dernier, et on avait pu voir circuler sur les réseaux sociaux persanophones quelques photos d'étreintes avec ses proches, et puis voilà.
C'était suffisant. Un ouf de soulagement, un petit sourire en passant aux milieu des actualités sanglantes de ces dernières semaines.
Clairement, on y a plus pensé, il y avait d'autres combats à mener, d'autres priorités que de savoir ce qu'on peut bien faire d'une jeune fille de 19 ans, pendant près de deux semaines, dans les prisons d'un régime dont la violence ne connaît pas de limites.
Yalda était revenue à la maison.
Alors pourquoi je vous en parle aujourd'hui, alors que tant d'autres jeunes sont encore à en prison, à la morgue, ou entre les deux, activement recherchés par leurs parents et les quelques journalistes encore en liberté qui osent risquer leur vie et leur carrière pour exposer l'incroyable violence du régime contre la jeunesse de son propre pays ?
Nous ne saurons sans doute jamais ce que Yalda a subi en détention, même si les témoignages sans doute similaires ne manquent pas, chaque vie est unique, et il est impossible de préjuger de l'expérience de chacun...
Mais Yalda est morte hier. D'un suicide qui, pour une fois, semble en être vraiment un.
Elle n'a pas survécu à sa détention, et pendant que j'écris ces lignes, son entourage fait circuler sur Twitter son dernier message vocal, un peu bravache, où elle claironne:
Et jusqu'à la dernière seconde, je ne me suis pas rétractée. Sur le dossier il y avait écrit "la prévenue n'exprime aucun remords" et moi j'étais là: "ouais, EXACTEMENT !"
Personne n'a poussé Yalda d'un toit, ni ne lui a fait avaler de pilules imaginaires à coup de matraques, mais la jeunesse iranienne ne s'y trompe pas, qui lui a immédiatement fait rejoindre la longue liste de ses martyrs.
C'est bien le régime fasciste de la République Islamique qui est parvenu à éteindre, en moins de deux semaines, le souffle de la vie et de l'espoir dans le coeur d'une jeune fille de 19 ans, combattive et enthousiaste.
Et c'est sa voix, son visage, mais surtout l'espoir pour son combat, que vous pouvez aider à garder vivants.
J'ai essayé de ne pas faire trop long, pour vous parler de cette jeune fille morte, afin que peut-être il vous reste un peu de temps, et la motivation, pour lire mon précèdent article, qui parle de nos jeunes filles vivantes.
N'ayez pas peur, cliquez ici, c'est facile à lire et il y a même des photos.
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