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Photo du rédacteurSirine Alkonost

Urgence Iran: Quelques noms en échange du vôtre



Un monde où nos enfants ne se feront plus assassiner sera aussi un monde plus beau pour les vôtres. Et un monde où nos enfants pourront grandir libres, c'est aussi un monde où le mot "liberté" aura un sens pour les vôtres. Je crois que je l'avais déjà rappelé dans le tout premier billet de ce blog : tant qu'elle n'est pas partagée par tous, la liberté a pour nom "privilège".

La "Journée internationale des droits de l'enfant" commémore un événement qui date de 33 ans : le 20 novembre 1989 (une date déjà choisie en référence au 20 novembre 1959, date de la Déclaration des droits de l'enfant) , l’ONU adoptait à l’unanimité la "Convention relative aux droits de l'enfant" qui est le traité international le plus ratifié en matière de droits de l'homme (197 États) et franchement cela n'est pas très surprenant, quand on regarde la liste desdits droits de l'enfant, qui comprend:
Le droit à la vie,
Le droit à la santé,
Le droit à l'éducation,
le droit de jouer,
le droit à une vie de famille,
Le droit d'être protégé de la violence et de la discrimination,
Le droit de faire entendre sa voix.
(On se demande bien quelle société ne voudrait pas de cela pour sa jeunesse !)
Sarina Esmailzadeh, 16 ans, Nika Shakarami, 16 ans, Mona Naghib, 8 ans, Kian Pirfalak, 10 ans, Sepehr Maghsoodi 14 ans, Hossein Basati, 15 ans, Zacharia Khial, 16 ans, Amin Marefat, 16 ans, Abdollah Mohammadpour, 17 ans, Mohammad Reza Sarvari, 14 ans, Pedram Azarnoush, 16 ans, Siavash Mahmoud, 16 ans, Amir Mehdi Farrokhipour, 17 ans, Mohammad Amin Ghamshadzehi, 17 ans, Jaber Shiroozehi, 12 ans, Omid Safarzehi, 17 ans, Samer Hashemzehi, 16 ans, Sodeys Keshani, 14 ans, Yaser Shahouzehi, 16 ans, Mohammad Rakhshani, 12 ans, Omid Sarani, 13 ans, Ali Sarahouie, 14 ans, Javad Pousheh, 11 ans, Nima Shafaghdoost, 16 ans, Setareh Tajik, 17 ans, Mehdi Mousavi Nikou, 16 ans, Asra Panahi, 16 ans,
Sont quelques unes des victimes de la répression sanglante que le Régime impose au peuple iranien depuis 65 jours.
J'en ai sélectionné à peu près assez pour remplir une classe, parce que je n'allais pas tous les citer - même si j'avais essayé, j'aurais pas pu.
Les chiffres officiels font état de plus de 300 morts, dont près de 50 mineurs mais on ne parle ici que des victimes comptabilisées et vérifiées par les organismes indépendants de défense des droits de l'Homme. Des chiffres forcément sous évalués en raison de deux facteurs : le blocage récurrent d'internet qui rend les communications très ardues, et les menaces exercées sur les familles afin de les empêcher de rendre publiques les identités des victimes.
Les noms que vous venez de lire ne sont qu'une petite portion de ce recensement aussi sinistre qu'incomplet. Et quand bien même nous passerions la nuit à la mettre à jour, cette liste ne rendrait pas justice à la jeunesse de ces visages tous uniques, et de ces corps qui n'avaient pas fini de grandir quand ils ont cédé face aux coups de matraque, aux tirs de fusil à plombs, d'armes de poing et d'armes de guerre, à bout portant ou à longue portée, dans la rue, dans leur voiture, parfois dans le dos, et souvent avec trop d'acharnement pour que les images puissent être partagées.
Cette liste ne reflète pas non plus la réalité des arrestations de masse, des mauvais traitements en prison, incluant la torture et le viol, ou les cas de jeunes poussés au suicide, menacés des pires sévices, ou l'horrifiante habitude prise par les forces de l'ordre de "kidnapper les cadavres" (pour les enterrer en cachette), depuis que les enterrements et cérémonies de deuil des victimes de la répression sont devenues des points de ralliement du soulèvement populaire. Une habitude qui donne lieu à des scènes proprement déchirantes, comme quand la famille de Kian Pirfalak, un petit garçon de 10 ans tué mercredi à Izeh, a du faire du porte à porte dans tout le voisinage pour récupérer des glaçons pour pouvoir conserver le corps chez eux, jusqu'à l'enterrement.
Cette liste ne comprend pas non plus les noms de tous les enfants traumatisés pour toujours par l'impensable : voir sa mère ou son père abattu sous ses yeux, devant sa maison, dans sa voiture, dans la rue, où devoir attendre en vain qu'ils reviennent d'un emprisonnement arbitraire où la torture aura eu raison de leur vie.
Cette liste ne montre rien de tout cela, mais il y a une chose que cette liste dit, sans l'ombre d'une équivoque: ces enfants n'ont pas été protégés. Ils ont été privés du premier de ces fameux droits que nous célébrons aujourd'hui : le droit à la vie.
Et par la même occasion, de leur droits à la santé, à l'éducation, au jeu, à la vie de famille, ou à la protection contre la violence et la discrimination.
Parce qu'ils sont morts.
Il n'est plus en notre pouvoir que de protéger le dernier de leur droit : celui de faire entendre leurs voix.
Sepideh Farsi, qui a signé plusieurs billets sur le Club de Mediapart sous le pseudo "Moineau Persan" a mis en place une pétition à cet effet, sur Change.org.
Un monde où nos enfants ne se feront plus assassiner sera aussi un monde plus beau pour les vôtres. Et un monde où nos enfants pourront grandir libres, c'est aussi un monde où le mot "liberté" aura un sens pour les vôtres.
Je crois que je l'avais déjà rappelé dans le tout premier billet de ce blog : tant qu'elle n'est pas partagée par tous, la liberté a pour nom "privilège".
Si vous ressentez vous aussi, à quel point ce qui se passe en Iran touche à l'essence même des droits humains, et des droits de l'enfant, n'hésitez pas à faire circuler cet appel. Le pire que vous risquiez, c'est une indifférence polie, de la part de ceux qui n'ont pas encore compris - et je vous promets qu'on y survit !
Merci et bienvenue de ce côté du miroir, où la réalité est plus douloureuse, sans doute, mais où l'espoir est sans limite.
Avec les femmes d'Iran,
Pour la vie de nos enfants
Pour la liberté de tous !
Femme, Vie, Liberté



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