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Voix d'Iran: guerre d'usure, guerre totale

Photo du rédacteur: Sirine AlkonostSirine Alkonost
Le témoignage d'aujourd'hui évoque brièvement les événements récents mais se penche surtout sur le principe de la "guerre d'usure" contre le régime , et ce que cela signifie vraiment pour le peuple iranien en lutte.

Quand nous nous réveillons le matin et voyons qu'il y a eu quelques explosions et qu'un tremblement de terre a secoué une ville du nord (faisant plusieurs morts et des centaines de blessés), qu'il y a eu des incendies suspects dans des usines et que les fenêtres ont tremblé au passage d'avions de guerre dans certains quartiers de Téhéran, cela ressemble à une journée normale.

Ok, rien d'important n'est arrivé pendant que je faisais la grasse matinée.

Les discussions se poursuivent, dans tous les cercles familiaux et amicaux, sur la question de savoir s'il faut ou non quitter notre emploi, ou quitter complètement l'Iran, pour ceux qui le peuvent, car cela semble pratiquement inutile et émotionnellement impossible de continuer ainsi.

Cette atmosphère me rappelle l'époque de la guerre, quand les adultes semblaient tous partir, dans diverses directions: vers le front, vers les prisons, vers les pays occidentaux...
L'isolement continue. Le blocage d'internet est efficace. Cela perturbe les méthodes de mise en réseau que les gens utilisent pour faire la distinction entre ce qui est authentique et ce qui ne l'est pas. Cela perturbe le processus qui crée de plus grosses vagues, et permet l'organisation de manifestations, en brisant le lien entre les gens. La communication à l'intérieur de l'Iran est devenue encore plus compliquée qu'avec l'extérieur.

Les "vitrines" sont efficaces. La république islamique se présente avec succès sur tous les réseaux sociaux comme une sorte de paradis, dissimulant son visage monstrueux sous trois tonnes de fond de teint. Et il y a, dans le monde entier, des gens pour y croire quand même.

Je ne sais pas ce que je peux faire de plus pour expliquer ces vitrines. Elles sont juste... Le mal. La façon dont ce système religieux fasciste se déguise en État démocratique capitaliste est littéralement dégoûtante.

Le fait que l'opposition qui jouit des libertés du monde extérieur soit maladroite et ne puisse pas réfléchir correctement et n'ait pas une vision correcte de ce qui se passe en Iran, eh bien, ça aussi c'est triste.

Mais toutes ces choses ne changent rien au fait qu'il y a encore des millions d'Iraniens qui veulent reprendre leur liberté et veulent jouir de leurs droits. Il y en a plus que ce à quoi vous pourriez vous attendre. Le fait est que des millions et des millions d'Iraniens détestent la République islamique jusqu'à la moelle. La République islamique a été exposée aux yeux de tous, ici, et cela va au-delà de ce que le meilleur travail de maquillage, de ce que le fond de teint le plus couvrant du monde ne saurait masquer.

Cela fait longtemps qu'on parle de guerre d'usure. Une expression un peu passe partout, un peu neutre, presque douce. L'usure... ne vous méprenez pas sur ce choix lexical, lecteurs du monde libre.

L'usure, ici, ne se compte pas en copeaux invisibles de métal, de cuir ou de plastique se détachant imperceptiblement d'une surface.

L'usure, ici, se sont des pieds d'enfants qui ne fouleront plus le sol, des voix d'hommes et de femmes qui ne traverseront plus l'air, et le sang de notre jeunesse, qui coule dans les rues et dans les prisons, à défaut d'être sacrifié sur le front d'une "vraie guerre".

La guerre d'usure est l'ennemie de la vie et de la liberté exactement au même titre que la guerre tout court.

Dans une vraie guerre, cela dit, nous aussi nous aurions des armes.

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