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  • Photo du rédacteurSirine Alkonost

Voix d'Iran: Le Capri Sun du Guide Suprême

Le témoignage reçu aujourd'hui est dense, et invite à la réflexion plus qu'il ne dévoile d'informations inédites, mais j'ai choisi de le publier tel quel, et en priorité, car je vois peu de médias se pencher sérieusement sur la question de la légitimité du régime. C'est alors aux citoyens de réclamer les moyens de se faire sa propre opinion.

L'Iran de la République Islamique est un pays dans lequel il est interdit de consommer toutes sortes d'aliments et où faire cuire des côtelettes peut vous conduire directement en prison.

Et il n'y a pas que les côtelettes. Depuis quelques mois, c'est considéré comme une insulte au régime que de servir du Sabzi polo mahi, soit du poisson frit avec du riz cuit avec de l'aneth.

Même le fromage frais et le pain plat avec un assortiment d'herbes différentes peuvent s'avérer dangereux.

Il est dangereux, dans certains endroits, de dire simplement le nom d'un certain mois de l'année, et si vous avez un bébé, il est également plus sûr de renoncer à certains noms, comme Mahsa ou Nika.

Franchement ce n'est pas si facile de nos jours, de se présenter à l'état-civil et de dire "Je veux appeler ma fille Nika".

Il peut même être problématique de dire « matin » ou « aube » ou « étoile » ou « peuple » ou « femmes ».

C'est dans cette atmosphère que nous abordons l'anniversaire de la Révolution islamique.

Bien sûr, vous pouvez dire n'importe lequel de ces mots, tant que vous travaillez pour eux.
Tant qu'ils sentent que vous êtes de leur côté.

Mais « dormir au milieu », comme on dit ici, devient de plus en plus difficile. Il y a toujours des gens qui veulent rester en sécurité. Il y a toujours des gens qui veulent rester là où personne ne leur fera de mal.

De nos jours, il est plus difficile que jamais de rester dans ce no man's land, où l'on n'est pas contre la république islamique, mais pas contre le peuple non plus.

C'est le peuple contre l'État, selon nous. Mais selon eux, « le peuple » est bien entendu de leur côté. Selon eux, « le peuple » sont ces hommes habillés en civil, mais armés, qui descendent dans les rues et tuent et fracassent des crânes.

Selon eux, le peuple, ce sont ces gens qu'ils forcent à monter dans des bus depuis leur lieu de travail dans l'administration gouvernementale, pour créer des ambiances de foule pour les caméras de la télévision d'État.

Nous les appelons « Sandis-Khor » ; cela signifie ceux qui boivent du « Sandis », qui est un type de jus de fruit.

Sandis, ou Sundis, était une entreprise qui produisait du vin avant 1979. Les gens du régime ont confisqué cette entreprise et transformé le vin en jus de raisin (et maintenant toutes sortes d'autres jus).
Et à chaque fois qu'ils remplissent ces bus et traînent leurs gens vers les stades qu'ils souhaitent remplir, une brique ou deux de Sandis leur sont offertes. Ce n'est même pas du vrai bon jus de fruits, c'est plus comme un sirop très sucré et chimique. Comme le Capri Sun que vous donnez à vos enfants pour le goûter.

Voilà. Et donc ces gens boivent leur jus de raisin et ils font ce qu'on leur dit.

Ils se présentent partout où l'on a besoin d'eux, tout comme ils se sont présentés au Qatar pendant la coupe du monde, avec du maquillage de supporters et des drapeaux, pour raconter les mensonges qu'on leur a enseignés devant les micros et les caméras des médias occidentaux et qataris.

Les buveurs de jus de raisin viendront bientôt remplir les scènes des célébrations de l'anniversaire de «l'Explosion de Lumière» comme ils l'appellent. Et les "journalistes" de la télévision d'état les appelleront « le peuple ». Ils le font toujours.

Plus il leur est difficile de remplir les scènes, plus ils versent de l'argent à ceux qui les y aident. Les plus gros avantages sont fournis à ceux qui restent. Ceux qui restent et se présentent en tant que cinéastes dans leurs festivals, et ceux qui se font passer pour des musiciens.

Grâce à leurs menaces et à leur argent, ils ont toujours à disposition une armée de penseurs, de philosophes, de poètes, de médecins et de mathématiciens incroyablement talentueux qui ont résolu tous les problèmes du monde, et bien sûr, tous leurs grandes réalisations sont toujours rendues possibles grâce aux conseils et directives de nul autre que le guide suprême lui-même, qui est le plus grand philosophe de tous les temps, et le plus grand penseur et évidemment, le meilleur théologien, puisqu'il représente Dieu sur terre.

Si le guide suprême est notre chef, c'est parce que Dieu a voulu qu'il en soit ainsi. Dieu nous a donné ce grand homme, parce que nous sommes son peuple élu. Dieu nous a donné cette sainte république, parce que nous étions ceux qui la méritaient.

On pourrait résumer en disant que, s'il n'y a pas de réels "partisans" du régime, il reste quand même un certain nombre de personnes qui sont prêts à littéralement boire le Capri Sun du Guide suprême. S'il n'y en avait pas, nous n'aurions personne à combattre.

Il y en a donc un certain nombre à l'intérieur de l'Iran, qui veulent juste leur part de jus de fruits, ou qui pensent, peut-être vraiment que le guide suprême est en fait un grand philosophe, choisi par Dieu. C'est clair, ces gens existent.

Mais qui boit le Capri Sun du guide suprême en dehors de l'Iran ? Qui est encore là, dehors, dans le monde libre, à penser que la république islamique est un gouvernement légitime, soutenu par « le peuple » ?

S'il y a encore des gens qui pensent cela, est-ce parce que les sources en qui ils ont confiance ne les ont pas informés, au sujet de tout ce que je viens de dire sur les actions et discours de la République islamique ?

Est-ce parce que la source de leurs informations sur l'Iran ne leur dit pas que techniquement, le guide suprême n'est qu'un régent, un genre de remplaçant temporaire, qui chauffe le siège en attendant le retour du 12ème imam, le "Mahdi" ? Ne savent-ils pas tout cela, en dehors de l'Iran, avec leur armada d'iranologues, d'islamologues et autres spécialistes du moyen orient?

Ne dit-on pas dans vos journaux, que la République islamique croit réellement et activement, que la « révolution islamique » de 1979 est toujours en cours? Ne vous dit-on pas que cette révolution islamique entend de façon tout à fait officielle et assumée s'étendre sur le globe, et conquérir les quatre coins du monde ?

Ceux qui servent le jus de fruits dans les médias occidentaux expliquent-ils à leurs lecteurs et auditoires qu'il y a une raison pour laquelle certains de nos mollahs ont des turbans noirs et d'autres blancs ?

Non ? Moi je vais vous le dire. C'est parce que ceux qui sont les descendants directs du prophète Mohammad (Mahomet) lui-même, et qui continuent sa lignée, peuvent être reconnus grâce à leurs turbans noirs.

Il est obligatoire en Iran de porter le mot "Seyyed" sur vos papiers d'identité, si vous êtes un descendant du prophète. Seyyed, signifie « monsieur » en arabe, ou «maître». Ceux qui portent le turban noir ont, c'est très officiel, un meilleur sang que ceux qui portent un turban blanc.

Bien sûr, il existe des moyens de prouver que vous avez ce genre de sang. Il y a toujours un moyen. Mais ce n'est pas ce dont je parle ici. Je parle de la façon dont l'information est rendue disponible.

Je parle de ce qui est inclus et de ce qui ne l'est pas, lorsqu'il s'agit d'une question de légitimité, ou de droiture éthique ou même simplement de la découverte de simples faits.

Ne portez pas de jugements basés sur quelques faits, donnés par moi ou par quelqu'un d'autre.

Il est important que vous découvriez les choses par vous-mêmes. Il importe que vous le puissiez. Il est important que vous vous demandiez : "Pourquoi ne puis-je pas trouver la réponse à cette question que je me pose" ?

Il est aussi important pour vous d'exiger de vos médias, de vos experts et de vos dirigeants qu'ils fassent correctement leur travail, qu'il est important de ne pas laisser n'importe qui vous faire avaler n'importe quoi.

Même juste du Capri Sun.



















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