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  • Photo du rédacteurSirine Alkonost

Voix d'Iran - « Poussez ! »


À ce stade, même s'il ne reste plus aucun manifestant en vie d'ici demain soir, même si personne ne lève le poing le lendemain, notre vérité prévaudra, car ce moment est arrivé, où il faut faire le choix, de « prendre ou non les armes contre une mer de tourments ».

Poussez!
La clameur se fait plus forte ce soir dans ma rue.
"Mort au dictateur !", j'entends
C'est un groupe de filles et un ou deux hommes, et des motos circulent juste sous ma fenêtre.
J'écris pendant qu'ils crient !
Le jour 11 est passé (note de la traductrice: ce texte date de quelques jours) et les choses continuent de se dérouler plus ou moins de la même manière.
Ce soir, il me semble que cela n'a même plus d'importance, que les manifestations continuent dans les rues ou non.
De nombreuses personnalités ont à présent ouvertement déclaré leur position contre le régime oppressif.
Je viens d'entendre Mani Haghighi (célèbre cinéaste) faire une déclaration audacieuse, diffusée par Iran International TV, une chaîne basée à Londres.
Je ne sais pas où il est lui-même exactement. Probablement pas trop loin d'où je suis, oui, je crois qu'il vit à quelques rues de chez moi.
Des arrestations massives ont eu lieu.
Des journalistes, des photographes, des acteurs et actrices, des écrivains et autres ont été arrêtés à leur domicile.
Une femme apparaît à l'écran juste après Mani Haghighi, elle est vêtue d'un faux tee-shirt Nike.
Sa fille a été abattue, elle a reçu trois vraies balles après avoir été atteinte plusieurs fois avec des fusils à plombs et avoir été gazée et plus encore.
Ensuite, son père a été battu, maltraité et insulté lorsqu'il est allé demander à un juge de récupérer le corps de sa fille, pour qu'ils puissent au moins avoir la permission de l'enterrer discrètement, de nuit.
La mère aussi a été insultée et maltraitée dans ces couloirs. Je la regarde parler. Elle a l'air... irréparable.
Je pense que la rue n'a plus autant d'importance, aujourd'hui, parce que la révolution a atteint un point où chaque personne doit prendre position.
Es-tu avec nous ou contre nous ?, c'est la question que cette nuit pose à voix haute.
L'Allemagne, a, paraît-il, convoqué son ambassadeur d'Iran, puis l'Espagne. Je suis content qu'ils aient précisé cela aux infos.
L'Espagne est avec nous. L'Allemagne aussi. La Suède aussi semble-t-il.
La France, elle, a gazé nos les manifestants venus nous soutenir dans les rues de Paris, il y a quelques jours.
Mais globalement, le monde semble enfin prendre conscience d'un fait simple : ce ne sont pas exactement les armes nucléaires qui devraient nous préoccuper le plus.
Nous attendons toujours d'entendre plus de membres de l'équipe nationale iranienne de football, savoir qu'ils nous soutiennent, qu'ils sont nous. Tous n'ont pas exprimé leur soutien, mais ils sont de plus en plus nombreux, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Iran.
Et puis, les rues sont à nous, et la justice est à nous, et notre droiture est indéniable.
Encore une petite poussée et nous allons renverser ce monstre, transformer ce système en un souvenir du passé.
Poussez !
À ce stade, même s'il ne reste plus aucun manifestant en vie d'ici demain soir, même si personne ne lève le poing le lendemain, notre vérité prévaudra, car ce moment est arrivé, où il faut faire le choix, de « prendre ou non les armes contre une mer de tourments».
(note de la traductrice: référence explicite au monologue de Hamlet)
La République Islamique a été jugée. Il est maintenant temps que la peine soit prononcée.
Peuples du monde libre, il est temps pour vous aussi de contribuer à ce que cela se produise.
Poussez de toutes les manières possibles et faites disparaître ce monstre. Qu'il y ait, pour nous tous, une planète terre, qui a décidé de vivre et de se passer d'un régime qui assèche certains des plus beaux lacs et rivières. Après tout, combien y a-t-il de rivières en tout ?
Ne sous-estimez pas la quantité de dommages que ce système nous a causés sur cette planète. Les millions d'Iraniens déplacés, l'impact environnemental, faites vos recherches si vous ne me croyez pas.
Et cet élitisme dégoûtant qui cible d'abord les femmes, et ne s'arrête même pas à la perspective de faire payer aux enfants son égoïsme arrogant, et légitimé par la conviction que "nous sommes les élus, élus par Dieu".
Ou encore la croyance réelle que notre Guide Suprême est littéralement "suprême", car il peut voir des choses que personne d'autre ne peut voir.
Peuples du monde libre, ne permettez pas à cet aveuglement de continuer. Vous n'êtes pas aveugles, n'est-ce pas ? Quelle preuve supplémentaire vous est nécessaire pour déterminer qui peut et qui ne peut pas voir ?
Convoquez vos ambassadeurs et dites-leur qu'il est temps de faire leurs valises et de partir.
Il est temps d'être clair et net.
Il est évident maintenant, avec quelle justice et avec quelle douceur ils ont traité Mahsa. Il est clair qu'ils l'ont frappée à l'arrière de la tête. Il est clair qu'elle saignait de l'intérieur, alors qu'elle était détenue dans une salle de classe, forcée à suivre un "cours" destiné à la rééduquer, à lui apprendre qu'elle ne devait pas être vue, qu'elle ne devait pas être !
Être ou ne pas être... Ce soir, la réponse à cette question est limpide. Ne la posez plus.
Répondez-y avec assurance dans votre cœur, sachant que cette seule chose est juste, si tout le reste devait être mis en doute.
Nos vies comptent, soyez notre voix.

Jin, Jiyan, Azadi
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Femme Vie Liberté

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Zan, Zendegi, Azadi
cri de la révolution iranienne

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