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Photo du rédacteurSirine Alkonost

Voix d'Iran - Révolution, foulard et porte-monnaie


Et à ceux qui seraient tentés de se laisser enfumer par un discours de compromis, de réforme ou de négociation, je voudrais rappeler qu'il est impossible de "réformer une dictature" ou de "négocier avec des fascistes", et que tout compromis avec un criminel est toujours au détriment de ses victimes.


Alors que les grèves se propagent dans de plus en plus de commerces, le gouvernement a commencé à bloquer les comptes bancaires des commerçants dont les rideaux de fer baissés ont été marqués à la bombe de peinture par les forces de l'ordre.
En revanche, ceux qui restent ouverts, se font boycotter, leurs ventes baissent et ils sont confrontés à la haine de la communauté et les rares restaurants qui restent ouverts les jours de grève sont déserté par leurs habitués.
Et maintenant que le gouvernement a commencé à bloquer les comptes bancaires des propriétaires de magasins, vous avez peut-être aussi entendu que les femmes sont menacées de perdre également l'accès à leurs propres comptes bancaires si elles sont identifiées sans hijab.
Si ça se trouve, c'est le seul moyen qu'ils ont trouvé pour éviter les violences policières. Je me demande lequel de ces enturbannés a imaginé que nos femmes et nos filles allaient se satisfaire d'une telle "victoire" : se faire frapper au porte monnaie plutôt qu'en pleine face, bonjour le progrès. Merci merci, on va rentrer chez nous rassurés de savoir que Nika, Khodanoor, Mehrshad, Kian et les autres ne sont pas morts pour rien !
Bref, comme toujours, le régime refuse de battre en retraite et, comme toujours, il n'a absolument aucun respect pour la loi, ni pour les droits de l'homme, ni même pour le bon sens élémentaire.
Mais la pression financière n'a jamais été un outil efficace pour protéger qui que ce soit, et particulièrement les femmes. Bien au contraire, davantage de femmes sont contraintes à la prostitution ou à des choses du même genre, lorsqu'elles sont mises sous pression financière.
Les choses ne dureront peut-être pas assez longtemps pour qu'on en arrive là, cependant.
Les commerçants semblent avoir pris leur décision: même eux se sont rangés du bon côté de l'Histoire, pas du côté du portefeuille.
Pour rappel, à ceux qui ne vivent pas en Iran, vous ne devriez pas penser que cela n'affectera pas vos vies. Où que vous soyez sur cette planète. Cela vous affectera. Si votre mode de vie nous affecte, soyez assurés que notre mode de vie affecte aussi le vôtre. Internet ici, à Téhéran, est pratiquement mort depuis deux jours. On peut à peine obtenir ou donner des nouvelles. Même les simples e-mails ou les fichiers texte ne passent que difficilement.
Pour autant que je sache, il y a eu des manifestations sporadiques un peu partout, en plus des nombreuses grèves dans le secteur commercial comme industriel, et bien sûr, universitaire.
Cela n'a pas été calme du tout. Mais ça n'a pas été spectaculaire non plus, je suppose.
Ce soir, ce sera sans doute plus bruyant. C'est le dernier jour de cet appel à la mobilisation générale, et en plus, le 16 du mois d'azar a une valeur historique, ici: c'est "la journée des étudiants", et les universités ont toujours été au cœur des plus importantes contestations, sans compter que presque toutes les victimes de la répression sont des jeunes, des symboles de l'avenir vivant de notre pays et de notre culture, fauchés par une culture de destruction et de mort dans laquelle nous ne nous reconnaissons pas.
Il n'est pas encore midi et je suis assis à mon bureau, c'est une journée particulièrement sombre aujourd'hui. Les nuages ​​sont épais et l'air sent la neige. Il n'y a pas encore de neige, mais ça pourrait commencer à tomber à tout moment. Le trafic est dense, et les gens sont sombres aussi, comme les nuages ​​au-dessus de leurs têtes.
J'espère que les prisonniers n'ont pas froid. J'espère qu'ils ne coupent pas le chauffage pour les prisonniers (oui, ils font ça parfois ) .
Les régions montagneuses de l'ouest, notamment le Kurdistan, se préparent à un hiver rigoureux.
Je peux déjà le sentir, que cet hiver va être froid, sec et parfois impitoyable.
Certaines personnes essaient d'envoyer de l'argent et des fournitures depuis l'étranger ou les grandes villes.
Certains propriétaires refusent déjà d'encaisser le loyer de leurs locataires.
Des choses importantes sont en train de se produire, alors ne soyez pas trop pressés de détourner le regard.
Et à ceux qui seraient tentés de se laisser enfumer par un discours de compromis, de réforme ou de négociation, je voudrais rappeler qu'il est impossible de "réformer une dictature" ou de "négocier avec des fascistes", et que tout compromis avec un criminel est toujours au détriment de ses victimes.
Tout le foin qu'il y a eu dans vos médias au sujet de la prétendue "dissolution" de ce que vous appelez notre "police des mœurs", c'était absurde, malvenu, contre-productif et même inquiétant (en ce qui concerne la santé de votre système et le fonctionnement de l'information dans le "monde libre") et tous ceux qui en ont profité pour vous rappeler que cette révolution ne demande pas simplement "qu'on lui fiche la paix avec le foulard obligatoire" mais bien un changement de régime et la fin de la République Islamique ont eu bien raison de le faire.
Mais je voudrais rappeler que ce régime fasciste a fait du foulard obligatoire son étendard, son symbole et son identité.
Le jour où le foulard obligatoire sera (réellement) vaincu, la République Islamique tombera.
Et peu importe quel nom prend la main qui le maintient sur la tête de nos filles, c'est cette même main qui étrangle notre économie, bâillonner notre culture et appuie sur la gâchette à chaque fois que l'un d'entre nous tombe sous les balles de la répression.
Bas les pattes, donc, et haut les coeurs.
Nos vies comptent, soyez notre voix

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