Ce message a quelques jours, il ne mentionnait qu'une exécution, je l'ai donc mis à jour, puisque le compteur, contrairement à celui des taxis, tourne. Après Mohsen Shekari, c'est Majid Reza Rahnavard qui a été pendu à une grue mobile, devant un "public" de Bassiji, aux premières lueurs de l'aube, et sans que sa famille en ait été informée.
Du sang sur la neige
Par tradition, un chauffeur de taxi iranien doit remplir tous ses sièges avec des passagers avant de pouvoir décoller pour une quelconque destination.
Il n'est pas rare que des passagers descendent quelque part sur le chemin, ou que de nouveaux montent en cours de route. C'est une tradition très ancienne, et il s'est avéré impossible pour un gouvernement, depuis peut-être les années 1950 jusqu'à aujourd'hui, de convaincre les chauffeurs d'utiliser leur compteurs. Ils ne le feront tout simplement pas, en aucune circonstance. J'ajouterai que le taxi n'est pas vraiment un moyen de transports "de luxe" comme il peut l'être dans certains pays occidentaux.
En conséquence, le taxi a toujours été un bon endroit pour prendre le pouls de la société iranienne.
Bien sûr, tout le monde sait que cette méthode pour créer des statistiques ou se faire une idée de la façon dont les choses fonctionnent n'est pas du tout scientifique.
Mais de toutes façons, en termes de statistiques, il est très courant que les gens prennent de très petits échantillons pour obtenir les résultats souhaités, ou qu'ils utilisent les chiffres d'une manière complètement dénuée de sens.
En général, les statistiques ne sont pas une science qui puisse être utilisée sans certaines précautions, et même les personnes expérimentées et averties tombent dans le piège des ruses ou des malentendus courants.
Mais les passagers de taxis de niveau expert savent tout cela. Ils ont tout vu, au cours des 30 dernières années de leur vie de passagers, sur le chemin du travail, des courses, de l'école, n'importe où. Ils savent immédiatement dans quel type de taxi ils se trouvent, avant même qu'ils ne soient complètement assis et prêts à partir.
Si le chauffeur de taxi n'est pas un agent de l'État, ou un policier qui conduit un taxi l'après-midi pour boucler ses fins de mois, et si le chauffeur de taxi n'est pas un jeune inexpérimenté qui vient de commencer il y a trois mois, alors il aura probablement l'air un peu âgé, et plus ou moins physiquement cassé, et son visage aura un certain sourire, témoin des années de guerre contre la circulation et toutes sortes de comportements offensants, échangés avec d'autres voitures.
Et s'il y a en plus une femme d'âge moyen, un maître d'école, et un homme en costume, peut-être un employé du gouvernement de bas niveau, et disons, une personne âgée, qui a pris sa retraite il y a 10 ans, alors vous savez que vous êtes bien tombé ! Vous n'aurez pas à faire face aux absurdités habituelles, aux théories du complot ou au relais brut et non digéré des âneries que les gens voient à la télévision. C'est un métier compliqué que de conduire des taxis.
Mais de nos jours, peu importe dans quel taxi vous montez. Quand vous montez à bord les gens en discutent déjà. Il n'y a qu'un seul débat. Dans n'importe quel taxi, c'est la même discussion : quand tombera le régime ? Tombera-t-il avant la fin de l'hiver ? Tombera-t-il d'ici la fin de l'année prochaine ?
Certaines personnes croient que l'hiver est la bonne saison. Certains vous diront que le régime précédent est tombé en hiver, car les occidentaux étaient en vacances. Certains vous diront que c'est parce qu'il est plus facile de sortir dans la rue l'hiver.
Certains vous diront peut-être que cet hiver, juste avant le nouvel an iranien, comme toujours, les prix vont monter en flèche, mais cette fois, les gens ne pourront même pas acheter un seul repas complet.
Il y a déjà des gens qui échangent leurs vêtements contre de la nourriture, ils font ça en ligne, pour peu qu'il y ait de l'internet, dans l'espoir de tenir une semaine ou un mois de plus.
Les exécutions continuent de jeter de l'huile sur le feu de la révolution. Le prix de la nourriture augmente de façon insupportable.
Le carburant est si bon marché, grâce aux subventions gouvernementales, que 500 millilitres d'eau minérale coûtent deux fois le prix d'un litre de carburant. Ce serait littéralement moins cher pour nous si seulement nous pouvions boire de l'essence.Le guide suprême est complètement à la masse, en total décalage. Il parle constamment d'un peuple qui n'existe plus depuis longtemps. Il a misé tout ce qu'il avait sur la « peur ».
Il envisage de vivre sa vie, jusqu'à sa mort, en s'appuyant sur la "peur" de ses sujets. Ou est-il lui-même un otage, comme nous ? Ou bien est-il mort, et a-t-il été remplacé par un sosie ? Vous savez, ce sont de vrais débats ces jours-ci, que certaines personnes, même très saines d'esprit ont, très sérieusement. Comment pouvons-nous prouver en effet, que le Guide Suprême que nous voyons aujourd'hui est celui qui était là hier ? Des années de vie dans l'absence totale de transparence, et l'incapacité de voir ne serait - ce que des bribes de sa vie l'ont transformé en mythe.
L'hiver arrive. Que ce soit cet hiver, ou un autre, il s'en vient. Les chauffeurs de taxi plus âgés vous diraient : « C'est une question de temps ». Ils vous diraient : "j'ai déjà vu le sang sur la neige une fois". Et parfois, ils ajoutaient : "on ne peut laver le sang qu'avec du sang" . Cela signifie que ces exécutions ne peuvent pas être simplement oubliées. Elles ne le seront pas. Nous n'avons toujours pas oublié les exécutions qui ont contribué à enflammer la révolution précédente. C'était il y a plus de 43 ans, 44 ans maintenant, ou même plus, que les tribunaux du Shah ont aligné des hommes contre les murs de la prison d'Evine et les ont fusillés.
Après ça, c'était fini. Ce n'était plus qu'une question de mois.
Demandez aux chauffeurs de taxi, ils étaient déjà là.
Note de la traductrice : ce message a quelques jours, il ne mentionnait qu'une exécution, je l'ai donc mis à jour, puisque le compteur, contrairement à celui des taxis, tourne. Après Mohsen Shekari, c'est Majid Reza Rahnavard qui a été pendu à une grue mobile, devant un "public" de Bassiji, aux premières lueurs de l'aube, et sans que sa famille en ait été informée.
Nous avons les noms des prochains, les réseaux sociaux résonnent de leurs noms et de leurs visages, les iraniens appellent à grand cris la solidarité du monde. Lisez, relayez, partagez. Faites entendre votre indignation.
Il n'y a pas de demie mesure, pas de doute raisonnable, pas de réticence à avoir : ces jeunes hommes, mineurs pour certains ont avoué sous la torture, leur seul "crime" est d'avoir manifesté, pour réclamer un changement de régime qu'aucune autre méthode ne leur permet d'espérer.
Leurs vies comptent, soyez leur voix.
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