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  • Photo du rédacteurSirine Alkonost

Voix d'Iran : tchadors et polyester subventionné

Encore une fois, bravo la République Islamique, qui aura même réussi à transformer le tchador de nos grands-mères en drapeau de haine et de destruction.


Le mot "tchador", en Persan désigne à la fois la tente (celle des nomades, comme celle des campeurs ou des militaires) et le grand morceau de tissu, qui est destiné à couvrir tout le corps d'une femme, du haut de la tête jusqu'aux chevilles.

Apparemment, le roi Naseredin-shah a voyagé en France il y a environ 150 ans, et entre autres choses, il a ramené des robes de femmes qui étaient à la mode à l'époque, et c'est ce qui a en quelque sorte provoqué la tendance des tchadors noirs (plutôt que colorés ou à motifs).

Je ne sais pas exactement comment cela s'est passé, mais je me souviens avoir lu quelque chose à ce sujet. Il semble qu'il n'y ait pas vraiment eu de tchadors noirs avant cette époque.

Donc, si c'est vrai, le tchador noir, qui est la couleur standard en ce moment, trouve son origine dans la mode française d'il y a plus d'un siècle.

Mais quelle que soit la raison pour laquelle le tchador est devenu noir, maintenant, la République islamique envisage de lui accorder des subventions, en tant que produit culturel, afin que les femmes iraniennes soient davantage tentées de le porter. Après tout, les gros coupons de tissus noirs amples et souples qui puissent être portés quotidiennement ne sont plus si bon marché.

Plus rien n'est bon marché en fait, à part les vies humaines. Ou plus précisément, les vies des hommes et des femmes du Moyen-Orient qui ne croient pas au hijab obligatoire.

Quand la République islamique parle de culture, c'est à cela qu'elle fait référence.
Selon eux, être cultivé, c'est cacher les femmes sous des tentes en polyester noir. Selon eux, une femme dont les cheveux sont exposés n'a pas de culture.

Je ne peux pas m'empêcher de penser à quel point n'importe quelle femme devrait être idiote de s'asseoir avec les hommes et femmes qui pensent comme ça.

Il y a quelques mois seulement, lorsque le président iranien était à New York, ils ont demandé à la journaliste Christine Amanpour de porter le hijab pour une interview. Elle a bien sûr refusé et n'a pas fait l'interview.

Si le président ne lui avait pas demandé de porter le hijab, ils se seraient assis et auraient parlé (je pense qu'ils ont exigé qu'elle porte le foulard, parce qu'ils la considèrent comme une femme musulmane). Mais quand on y réfléchit bien, pourquoi donc parleriez-vous à quelqu'un qui pense que vous n'avez aucun honneur ?

Pourquoi voudriez-vous vous asseoir avec un homme qui pense que vous molester serait légitime, puisque vous ne vous êtes pas couverte? Je n'ai vraiment jamais compris cela.

Cela a toujours été une question pour moi, lorsque des politiciennes s'asseyaient avec ces gens. Mais à chaque fois j'ai pensé, eh bien, c'est de la politique; elles font leur travail.

Ces jours-ci, je pense que j'avais tort. Elles ne font pas leur travail. Il fait partie de leur travail de protéger l'honneur de leur peuple, et en particulier des femmes, puisqu'elles sont aussi des femmes.

Nous pensions tous que cela pouvait être résolu de manière pacifique. Nous pensions tous que les choses allaient changer et que ces personnes ne seraient pas aux commandes pour toujours. Mais ils sont restés aux commandes et leur chef suprême leur a permis de commettre tous les crimes qui existent, juste pour qu'il n'ait pas l'air de s'être trompé sur quoi que ce soit.

Permettez-moi de le dire d'une manière plus simple. Ce sont des gens qui subventionnent un grand morceau de tissu noir, destiné à couvrir les femmes, afin qu'elles puissent protéger leur honneur.

Ils dépensent de l'argent, (l'argent du contribuable iranien - pas leur propre argent bien sûr) pour protéger l'honneur des femmes, en couvrant leur corps, avec un morceau de tissu noir.

Je me demande si le message est assez clair. Je me demande si je dois le dire encore une autre fois d'une manière différente.

Et ensuite, il y a des femmes étrangères, qui ne portent pas ces tchadors, qui s'assoient avec ces gens, et parlent à ces hommes ou ces femmes, et les regardent dans les yeux, et veulent être leurs partenaires, "afin de rendre le monde meilleur". Qu'est-ce qui pourrait légitimer une telle rencontre ?
Comment espérer que quelque chose de bon en ressorte?

Ici, à l'intérieur de l'Iran, moi aussi je me suis assis et j'ai parlé avec de telles personnes au cours des 40 dernières années, afin de nourrir ma famille ou parce que je pensais que quelque chose de bien pourrait en sortir, mais je ne peux plus le faire.

Pourrais-je encore regarder la mère de Mahsa dans les yeux si je faisais affaire avec ces gens ? Pourrais-je lever la tête devant ces mères qui ont perdu leurs fils et leurs filles ? Et je dis cela alors que nos vies ici en Iran, et nos revenus et notre sécurité et bien plus encore en dépendent.

Hier, un de mes amis me disait : "Combien de temps puis-je continuer à faire tourner mon entreprise ? Si cela dure encore un mois, je devrai commencer à licencier mes employés". Je lui ai répondu : « il y en a qui ont donné leur vie. Pouvons-nous leur dire que nous ne pouvons pas tolérer quelques mois sans revenus ? » Et il a dit "on n'a pas besoin d'un revenu quand on est mort".

Il a raison. Mais nous sommes tous morts de toute façon, si nos mères et nos sœurs n'ont aucun honneur, à moins qu'elles ne portent ce tissu de la mort. Et je ne suis pas seul à penser ainsi.

Nous sommes tous morts de toute façon. Les femmes d'Afghanistan, nos voisines, n'ont même plus le droit d'aller à l'école ou d'aller travailler, et au lieu de pouvoir les aider, et au lieu de pouvoir les sauver, nous nous battons pour ce tissu noir subventionné.

Je dois ajouter ici qu'à cause de politiques comme celle-ci, de plus en plus de gens en sont venus à détester toute femme qui porte un tchador (ce n'était pas le cas auparavant. Le tchador est traditionnel en Iran, la plupart des familles ont au minimum une ou deux mamies qui le portent, et d'une façon générale, nous avons toujours respecté le choix de celles qui le portent, et rares sont les Iraniens qui n'ont pas de souvenirs d'enfance, cachés entre les plis d'un tchador familier) .

Des femmes en tchador seront attaquées et maltraitées à cause de leurs conneries de polyester subventionné. Les femmes en tchador seront confrontées à une haine sans précédent. En raison des ficelles que les politiciens tirent ces jours-ci, ce sont donc encore davantage de femmes qui deviendront des victimes.

Encore une fois, bravo la République Islamique, qui aura même réussi à transformer le tchador de nos grands-mères en drapeau de haine et de destruction.
















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